Fredo le porteur (Poème)

作词:Camille François

作曲:etienne lorin

所属专辑:Collection Disques Pathé

歌词

@migu music@

Fredo Le Porteur (Pome) - Bourvil

Me v' là, c'est moi : Fredo l' porteur.

C' que j'en vois défiler, des gens,

Du matin au soir dans la gare,

Où s' qu'on dit qu'ils sont si bizarre :

Des décidés, des hésitants,

Des pressés, des qui prennent leur temps

Tandis qu' moi, j' prends leurs valises.

Et dans tous ceux-là qui s'en vont,

On n'en voit jamais un qui dise :

" Hé l' porteur, peut-être qu'il trouv'rait ça bon

De monter avec nous dans l' wagon. "

Alors, j' reste Fredo l' porteur.

L'aut' jour, un taxi s'arrete.

Je m' précipite, c'était mon tour.

Bon. J'ouvre la portière, je rentre la tête

Pour bien voir si y' avait du lourd

Et puis, v' là qu' j'aperçois une fille,

Une fille qu'avait tellement d' beauté

Que j'en étais paralysé.

Tout en tremblotant sur mes quilles,

Elle me dit avec un sourire :

" Tenez porteur, prenez tout ça. "

Et moi, comme un mannequin en cire,

J' la r'gardais et puis j'bougeais pas.

J'avais envie d' lui dire :

" Madame, depuis qu'il m'est permis d' rêver,

Depuis que je connais le verbe aimer,

Dans le corps, dans le cœur et puis dans l'âme,

C'est toujours à vous qu' j'ai pensé.

Sûrement que vous étiez l'inconnue,

Celle qu'on arrange à sa façon,

Qui n' refuse rien, qui s'met toute nue

Et qu'a la peau comme une chanson

Dont chaque refrain dirait " je t'aime "

Et je suis là, devant vos yeux,

Vos grands yeux bleus, si grands, si sombres

Qui trouvent le moyen avec tant d'ombre

De rester autant lumineux,

Qu'il faut convenir qu' dans le fond des cieux

La nuit a dû crever son voile

Pour que ses plus jolies étoiles

Dégringolent s'installer chez elle "

Mais la fille m'a interrompu : " Hein ?

Alors l'ami, qu'est ce que vous faites ?

Ça va pas bien, vous êtes perdu ? "

J' lui ai dis " non " en s'couant la tête.

" Bon, alors, " qu'elle a dit, " ça va.

N'attendez pas, prenez tout ça. "

J'ai empoigné les bagages,

Les sacs, les cartons à chapeaux.

J' me suis tout filé sur le dos

Et suis parti dans son sillage,

Vers le wagon capitonné,

Où s' que j' l'ai doucement installée

Pour qu'elle soit bien pendant l' voyage.

Quand elle m'a tendu du pognon,

Sûr'ment qu'elle n'a pas du comprendre

Pourquoi qu' subitement j'ai dit " non "

Et qu' je m' suis dépêché de descendre.

De là, j' suis parti au bistrot,

J'ai bu un coup, deux coups, trois coups,

J'ai bu jusqu'à temps que j' sois saoul.

Puis j'ai expliqué aux poteaux

Les beaux yeux et les ch'veux de ma blonde.

Quand j'ai eu fini d' raconter,

Si vous aviez vu à la ronde

Comment ils ont tous rigolé.

Moi, j'ai rigolé avec eux, hein.

Entre hommes, y fallait ça, c'était mieux.

Mais, c' que ça m' faisait mal de rire,

Surtout que j' pouvais pas leur dire

Que d'un coups, je m' sentais tout vieux

Parc'que moi, Fredo l' porteur,

Je v' nais de faire la plus grande bêtise

En ayant porté la valise

Qui pour toujours emm'nait mon cœur.

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